Milieu carceral

La situation actuelle des prisons centrales de Yaoundé et de Douala illustre aisément le phénomène de surpopulation. Celle de Yaoundé compte plus de 4 200 détenus pour une capacité d’accueil de 1 000 places, et celle de Douala, 2 868 pour 800 places, alors que d’autres sources annoncent le chiffre de 3 800 prisonniers.

Force est donc de constater qu’initialement prévues pour un nombre bien déterminé de détenus, les prisons camerounaises affichent plus du triple de leur capacité d’accueil avec un taux d’occupation national de 159,6%. Les conséquences qui en découlent sont donc nombreuses tant sur le plan de la gestion administrative des détenus que sur la vie même de ceux-ci. Selon la configuration de la plupart des prisons camerounaises, il existe des quartiers spécifiques pour chaque type de détenus.

En effet, les statistiques et les rapports démontrent que les effectifs de l’administration pénitentiaire ne sont pas proportionnels à la forte croissance de la population carcérale. Il y a un manque de personnel, ce qui contribue au développement du phénomène des «anti-gangs» qui sont des détenus triés sur le volet et chargés par les responsables d’assurer la surveillance du pénitencier. C’est une illustration parfaite de l’état de dépassement du personnel de l’administration qui entend se suppléer avec l’aide des détenus eux-mêmes.

Quant à l’impact de cette surpopulation sur la vie des détenus, notons que plus de la moitié des prisonniers n'ont pas de cellule. Ils passent des journées et des nuits dans la cour de la prison, soumis à toutes les intempéries. Quelques uns d'entre eux ont été regroupés dans des cellules par vingtaines, dans des espaces de quelques mètres carrés; ce sont ceux qui ont déjà été jugés et les mineurs. Dans certaines cellules les détenus sont tellement à l'étroit qu'ils dorment assis. Une telle situation est propice à la recrudescence de tout genre de fléaux dans la mesure où condamnés, personnes en détention préventive, mineurs, femmes, vieillards sont appelés à se côtoyer au quotidien favorisant ainsi les contaminations, les abus de tout genre, les violences, etc.

On peut bien s’in- terroger sur la fonction de resocialisation de la peine privative de liberté. Le centre de détention qui devrait être une maison de correction s’avère plutôt être un centre de formation à la délinquance et au banditisme dans la mesure où il faut survivre à tous les prix et par tous les moyens.

Les différents textes nationaux et internationaux à l’instar de l’ensemble de règles minima pour le traitement des détenus ou encore le code de procédure pénale ne sont pas respectés. En substance ces instruments stipulent que le détenu qui est juste une personne privée de liberté a droit à un environnement sain et à un cadre de vie acceptable. Pourtant, les prisons camerounaises s’apparentent à une porcherie pour humains dans laquelle les détenus n’ont même pas le minimum d’espace de survie.