Introduction

La philosophie de l’EMINED repose sur un principe très simple : quand on est en prison, on perd uniquement le droit à la liberté. En revanche tous les autres droits humains restent acquis. Le problème fondamental ici est de savoir comment faire pour garantir le respect de ces droits chez nos prisonniers en général et chez les mineurs en particulier.

A ce niveau, EMINED, avec l’appui de ses partenaires, a entrepris des actions positives en vue de réduire chez les mineurs les effets néfastes de la conception courante des prisons mouroirs. C’est dans cette optique que EMINED assiste les mineurs de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé et celle de Mfou non loin de Yaoundé. Les prisons de Kondengui et de Mfou ont une population de mineurs en moyenne égale à deux cents jeunes de 13 à 18 ans. Leur situation en détention est d'une très grande complexité du fait de l'environnement socio-économique.

Très souvent abandonnés à eux-mêmes, les mauvais traitements sous diverses formes, le manque de soins médicaux, l'analphabétisme et la malnutrition font partie de leur quotidien. En effet, dans un milieu où règne une très grande promiscuité, les maladies de toutes sortes s'y développent. Déjà confrontés a d'autres problèmes de précarité, le domaine de la santé nous apparaît dès lors comme essentiel.

L'État pour une multitude des raisons ne parvienne pas à se saisir de ce problème. Si on finit par y placer un medecin, celui-ci, malgré sa bonne volonté reconnue, est réduit aux seules consultations de routine et à la prescription de medicaments, des examens radiologiques et d' analyses medicales. Quand on connaît le contexte socio-économique du milieu carcéral voire celui des families, il est difficile pour les intéressés de faire face à ces obligations majeures. De même, les statistiques sont formels : les jeunes incarcérés sont souvent issus de milieux défavorisés et ont un niveau scolaire très bas. Sous l'angle d'une réinsertion sociale, il est nécessaire de faire quelque chose dans le sens de leur scolarisation.

Voilà ce q'en écrit M.Alain B. Batongué ("Dossier de Lundi", 13.Mars 06): "...A l'observation, on se rendra compte que nos prisons n'ont été conçues que pour humilier. La société, dans sa quête quotidienne de sécurité, pense être rassurée avec l'existence des prisons. Mais l'inefficacité de ces structures est telle qu'il s'y crée des problèmes encore plus épouvantables, qui finissent par transformer de petits délinquants ou de jeunes innocents en délinquants irréductibles et désormais parias de la société. Et comme de la part de l'Etat il n'y a aucune mesure visant à évaluer l'action de la prison sur la société (en dépit de l'intensité du turn-over en ces lieux), ces milieux surpeuplés deviennent, paradoxalement, les vraies écoles de la délinquance et du crime...".

Pierre Eone