Editorial

2017 s’en est allée comme les autres années depuis 2005, avec son lot de joies et de peines. C’est malheureusement la  réalité inhérente à la vie de tout être humain voire de toute  institution.

            EMINED cahin-cahan, a fait son bonhomme de chemin. Les choses ne pouvaient en être autrement pour nous, tant que les besoins de nos jeunes protégés demeurent sans cesse croissants, malgré le soutien de tous  les amis d’Emined  d’ici et d’ailleurs.

            2017, malgré ses hauts et bas, nous a encore permis de réaliser nos objectifs, fussent-ils modestes. Ce qui ne diminue pas du tout les attentes des jeunes détenus et leur bonheur quand ils  reçoivent nos dons.

             2017 a encore développé l’esprit de solidarité en Suisse et au Cameroun. Des âmes de bonne volonté se sont engagées à se priver davantage pour partager avec les nécessiteux que sont nos jeunes en conflit avec la loi. Ils sont nombreux à donner de leur temps et de mettre des moyens à disposition pour faire avancer EMINED. Ce sont aussi « les Amis d’Emined », notre dernière-née dont la naissance, nous nous en rendons compte, valait la peine. C’est le lieu ici de remercier les deux marraines des « Amis d’Emined » : l’une Madame Susi ZBAEREN qui a en eu l’idée, l’autre Madame Bettina RYSER qui s’est battue corps et âme  pour que cette idée prenne réellement corps.

            2017 disais-je, nous a permis de poser avec plus d’assurance nos petits pas. A EMINED, le partage avec l’un des maillons les plus faibles du système carcéral camerounais reste une tradition, malgré les critiques acerbes qui fusent de tout côté parfois. Certaines mauvaises langues estiment en effet que ces enfants méritent leur sort en raison des forfaits dont ils sont auteurs et du préjudice incalculable qu’ils causent à leurs victimes. Cela peut être vrai. Mais il reste aussi vrai qu’un homme peut se retrouver dans une prison sans qu’il lui soit reproché quelque chose de valable : nos prisons regorgent ainsi de parfaits innocents abandonnés à eux-mêmes. Des mois ou des années  plus tard, on se rendra peut-être compte qu’il était innocent ; ce séjour traumatisant va négativement le marquer à jamais, surtout dans le contexte de nos prisons africaines que nous connaissons évidemment très bien. On parlera sans doute « d’erreurs judiciaires », mais il n’en demeure pas moins vrai que le destin de toute une vie a été brisé.

            C’est pourquoi, la prison, surtout en Afrique, devrait susciter de la solidarité pour ceux qui bénéficient encore de la liberté. Parce que pour mieux comprendre la vie, il faut aller à trois endroits : la prison, l’hôpital, et le cimetière. Je vous laisse méditer sur la substance de cette affirmation.

            2017, c’est aussi la rencontre avec le nouvel Ambassadeur de Suisse au Cameroun qui m’a tout de suite convié à un séminaire organisé par l’Ambassade Suisse, l’Institut International pour la Justice et l’Etat de droit, l’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature du Cameroun. Il s’agissait en fait du Mémorandum GCTF de Neuchâtel relatif à la justice des mineurs dans un contexte de contre-terrorisme.

Enfin, 2017 a été aussi et malheureusement l’année de la disparition touchante d’un ami d’Emined. Nous y reviendrons sur la page intitulée « hommage à un ami ».

Merci encore une fois à tous ceux qui permettent à Emined de vivre et de réaliser ses objectifs ; vous êtes très nombreux pour que vos noms soient tous cités ici.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle année 2018, l’occasion de souhaiter à tous les  amis de l’ONG EMINED et de l’Association « Les Amis d’EMINED » nos vœux les meilleurs pour l’an nouveau. Que Dieu tout puissant soit attentif à vos attentes et autres souhaits, proportionnellement à l’attention que vous portez à nos jeunes détenus.

Pierre EONE